A livre
ouvert, de William Boyd, déjà un peu ancien, (mais enfin ces lectures ne se veulent pas une revue de l'actualité littéraire la plus brûlante) révèle les
carnets de l'écrivain Logan Mountstuart anglo-colombien, présentés comme une autobiographie.
Celle d’un jeune auteur que l’on suit au Lycée puis à Oxford, comme jeune auteur, critique d’art, reporter de guerre, espion de sa gracieuse majesté, galeriste à New York, puis reclus, finissant
sa vie, dans le sud-ouest de la France, entre Birmingham, Londres, à barcelon et madrid, pendant la guerre d’Espagne), Paris, les Bahamas, la Suisse (en prison), le Portugal, etc. où il rencontre
des gens formidables, des peintres comme Jackson Pollock ou Picasso, avec lequel il se lie d’amitié, des écrivains, comme Hemingway qu’il rencontre à Paris et en Espagne, et avec lequel il
découvre 7 toiles de Goya ou Ian Flemming (James Bond) qui le recrute dans les services secrets de sa majesté, d’abord pour espionner Edouard VII, le Roi déchu d’avoir épouser une américaine
divorcée (et d’être un porté sur la gloire d’Hitler), des rois ou d’ex-roi, comme Edouard VII, etc.
Toute la vie de Logan Mountstuart se présente comme un
accompagnement des grands événement du XXè siècle, entre des femmes qui le quitte, des femmes qui meurent sous les bombardements à Londres pendant qu’il est prison en Suisse (pour y être entrée
en parachute en 1944), cette femme qui, le croyant mort s’est remarié avec un islandais de sorte qu’il la perd, avec sa petite fille, deux fois).
Le livre enivre par la variétés des situations, situations comiques, parfois, c’est un écrivain anglais, les situations historiques, mondaines, guerrières, amoureuses, sexuelles (où l’écrivain
livre des détails de ses fantasmes ou de ses expériences on ne sait assez déroutantes), des retournements de situations qui ne cessent de pleuvoir : marié, divorcé, remarié, veuf, reremarié,
redivorcé, amant de deux femmes de son meilleur ami puis de bien d’autres, amoureux de l’image de deux prostituées sordides, le tout avec une
précision, une émotion, un ensemble de détails plus vrais que nature, en ce sens que seule une autobiographies pourraient, logiquement, les offrir.
Aucune piste n’est laissée au hasard et aucune ne livre, non plus d’indices sur les péripéties de la vie de Mountstuart, qui passe de richesse en pauvreté à un rythme endiablé, d’ami des stars à
terroriste en puissance.
Ce qui reste, alors, c’est surtout la solitude du « héros », une vie longue, riche, mais solitaire. Il meurt au fin fond de la France, seul, vieux, abandonné de tous, pauvre, et cette
fin semble révéler la réalité de toute sa vie, sauf l’idyllique second mariage avant la seconde guerre mondiale qui lui sert de fil d’Ariane et de
filet de sauvetage mental, et en même temps la solitude de l’écrivain, tiraillé par mille sentiments, et condamné finalement à avoir publié un roman et une critique oubliés. Le contraire de
Salinger, au fond, s’agissant tout du moins du succès.
Une révélation.