Un vrai dada, les romans anglais.
Celui est remarquable, Retour à brideshead (prononcer brailledzhède) de Evelyn Waugh (prononcer ouo), lui même un auteur exceptionnel, qui brosse des
tableaux des années 20, asse intemporels, et surtout magnifiquement écrits.
Ce livre fut publié en 1945 et reçut un très bon accueil de la part des lecteurs de Une poignée de cendre, le cher
disparu ou Scoop et un accueil encore plus exceptionnel aux Etats-Unis (il y eut un téléfilm avec Jeremy Irons et un film en 2008 avec Emma Thomson
et Mattew Goode.
L'histoire commence dans un quartier militaire anglais, une sorte de caserne de tentes, emplie de ces anglais excentriques formidables, qui se préparent à aller au combat (sans doute le
débarquement, ce n'est pas précisé) et toute la troupe s'installe dans une propriété que le héros, Charles Ryder (alors capitaine), connaît très bien, Brideshead, qui le plonge dans ses souvenirs
du lieu et de la famille qui l'a habité.
Le roman s'installe alors dans une forme de saga familiale, celle de la famille Flyte (enfin c'est un peu plus compliqué, il y a Lord Sebastian Flyte, ami de Ryder, Lord Brideshead, l'aîné, le
père de Sebastian, Lord Marchmain et la mère lady Marchmain, ainsi que ses deux soeurs, Lady Cordelia et surtout lady Julia), qui est une famille aristocrate riche et catholique, dans
une angleterre des années folles, fortement protestante.
Charles Ryder se retrouve à Oxford dans les années 20 où son père (très riche également) l'a envoyé et fait la connaissance de Sebastian Flyte, qui, très vite l'invite dans "le lieu où vit sa
famille", Brideshead. en découle l'histoire de l'extinction de cette famille, une histoire faite de décadence, de codes extraordinaires, de dandys, d'excentricités en tous genre, de mariages, de
divorces ou de faux divorces ( Lord Marchmain a abandonné sa mère à la fin de la première guerre mondiale et vit dans un palais vénitien jusqu'au jour où il reviendra, mourant, à
Brideshead), d'amours congelés, de crétins richissimes, tout à fait comme il faut, et totalement décalés, de ratés.
C'est tout à la fois une satyre de cette vie anglaise aristocratique, un roman initiatique et un poil picaresque, un livre qui vire parfois au comique le plus fous, un livre d'une poésie qui tire
vers la mélancolie, sur l'éternité, sur l'ennui, un livre très, très séduisant, sur la mémoire, les souvenirs, l'incapacité de réaliser une vie pleine et, au contraire, la surprenante capacité à
voir défiler sa vie, au ralenti.