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Avertissement

320 8374183« Est-il besoin de préciser que ce roman est une œuvre de fiction même s’il se fond dans une trame historique dramatiquement réelle ? Toute ressemblance avec des personnages ayant véritablement existé ou des évènements qui se seraient vraiment déroulés serait donc purement fortuite, ou alors un coup de chance rare, hormis pour quelques salauds bien connus qui en ont été les acteurs maudits ».

« Inutile de préciser également que les droits d’auteurs sont protégés et appartiennent à Daniel Mainguy (© 2010) ».


« Cet ouvrage est publié sous forme de feuilleton, en ligne, sur www.daniel-mainguy.fr» ou en format "classique".  

 

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Ne pas reproduire sans autorisation : « frappe et on t’ouvrira ».

 


 Chapitre 22

 

Epuration ethnique

 

 

Ljuta,  30 juin 1995, 5 h

 

23.  Les soldats du bataillon Hussein allaient bientôt se ruer à l’assaut des positions serbes situées à quelques centaines de mètres devant Hussein. Les serbes étaient retranchés dans Ljuta et n’avaient aucune chance contre les soldats de Hussein, tous formés à la même école, celle de Hussein, pour un même objectif, confondu avec celui de leur chef. Ses soldats venaient d’horizons différents, certains provenaient même d’Afghanistan. Seuls ceux qui correspondaient à l’idéal d’Hussein, devenu celui de tous ses hommes, avaient mérité d’y demeurer. Cette communauté leur avait permis de ne connaître aucun échec, même lorsque les serbes étaient encore en situation de vainqueur même si les derniers mois semblaient montrer une curieuse incapacité à achever leur supériorité tactique. Peut-être avaient-ils eu peur des réactions de l'ONU et de l'OTAN ? Etaient-ils dans l'impossibilité de vaincre à la fois les musulmans et les croates ou bien leurs exactions rendaient-elles plus difficiles les recrutements ? La coalition croato-musulmane allait l’emporter. C'était plutôt une bonne nouvelle. Près d’ici, à Mostar, musulmans et croates s'étaient cruellement affrontés pour le contrôle de la ville, sans succès flagrant de part et d'autre. Aujourd'hui, ils contrôlaient chacun une rive de Mostar, la rive gauche bosniaque au nord, et la rive droite au sud pour les croates. Ils étaient séparés par une rivière que le pont pluriséculaire franchissait, brisé par un obus comme un symbole de la rupture ethnique qui s'était produite depuis l'effondrement de la Yougoslavie. Certains disaient que le rapprochement avec les croates contre les serbes était nécessaire et salutaire. Hussein ne croyait pas beaucoup à cette association. Si les serbes étaient tournés vers le nord-est, la Moldavie, l'Ukraine, en tant que slaves occidentaux, les croates étaient tournés vers le nord, la Hongrie, l'Autriche, l'Allemagne. L'histoire récente avait été marquée par cette division, oustachis croates réfugiés dans une Croatie indépendante et sécessionniste appuyés par les nazis, contre tchetniks serbes issus de la Yougoslavie de 1918 et l'effondrement de l'Empire austro-hongrois. Au milieu les bosniaques, peuple monument, vestige des conquêtes du XVIème siècle quand Soliman le magnifique, à la tête des armées ottomanes, avait vaincu les autrichiens et s'était avancé jusqu'aux portes de Vienne, mettant en péril la puissance espagnole grâce, déjà, à l’alliance française avec François 1er.   Rien n'avait fondamentalement changé. La confusion politique et les idéaux sur l'avenir des sociétés multiethniques et multiculturelles en moins. Sarajevo serait à tout jamais le symbole de cet échec.

Au fond, cette possible victoire lui était indifférente. Seules la rage et l'envie de vengeance le guidaient, lui faisaient se serrer les poings et contracter la mâchoire à se faire sauter les dents. Il songeait à tout ce gâchis. Tous ces morts. Tous ses morts. Il avait vu des femmes, des enfants, des femmes enceintes, des vieillards hachés par les obus.

  

*

 

Aujourd'hui au moins, les choses étaient claires pour Hussein. Des amis d’un côté, des ennemis de l’autre, et des armes pour les combattre. Depuis deux ans, les serbes installés au nord contrôlaient ce petit village, à l’est de Konjic, et près de Kalinovic sur le plateau de Kluna à près de deux mille mètres d’altitude. Ljuta. Il était placé au pied d’un piton rocheux, Traskavica, qui dominait une petite vallée parallèle à la vallée de la Neretva dans laquelle passait, deux kilomètres plus au nord, la seule voie de communication entre positions bosniaques et croates et surtout, du moins pour les serbes, la principale voie d'acheminement des renforts et du ravitaillement des casques bleus à Sarajevo. De temps en temps, les serbes pilonnaient une colonne, croate, musulmane ou onusienne, selon l'humeur de celui qui commandait le village. Ou selon son degré d'alcoolémie. Le commandement des forces croato-musulmanes n'avait toujours pas décidé d'y mettre fin. Hussein s’était proposé pour reconnaître avec son bataillon les forces serbes dans la région et il avait décidé de prendre le village d’assaut sans aviser qui que ce soit. Singulier retour en arrière ! Retrouver ces vallées, les villages dans lesquels il s'était promené. Hussein connaissait tous ces endroits, toutes les montagnes. Il y était né, il y avait vécu, il y était mort déjà une fois. Les serbes l'en avaient chassé, ils avaient massacré toute sa famille, ses espoirs. Il allait maintenant prendre un lent plaisir à les déloger à leur tour. Il s'était approché avec ses troupes au plus près du village, par l'est. Il avait dû passer de nuit à travers le territoire contrôlé par les serbes. Des éclaireurs volontaires avaient vérifié quelques heures auparavant qu'aucune unité susceptible de leur barrer la route ou de donner l'alerte n'était stationnée à proximité. Hussein se tenait à la lisière du petit bois qui coupait la colline en deux, surplombant le petit village occupé par les troupes serbes. Ce n'était pas un grand village, Ljuta. Deux mille habitants avant la guerre, à peine plus. Un village occupé par les soldats serbes dont on devinait les mouvements. Hussein reconnaissait la grande maison de Hazim. La maison de Souraya. On ne voyait nulle âme qui vive sinon quelques soldats qui allaient de maison en maison, le plus souvent en ruine ou ouvertes à tous les vents, après avoir subis tous les outrages.

 

 

 

 

(...) 

 

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