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320 8374183Avertissement

« Est-il besoin de préciser que ce roman est une œuvre de fiction même s’il se fond dans une trame historique dramatiquement réelle ? Toute ressemblance avec des personnages ayant véritablement existé ou des évènements qui se seraient vraiment déroulés serait donc purement fortuite, ou alors un coup de chance rare, hormis pour quelques salauds bien connus qui en ont été les acteurs maudits ». 
« Inutile de préciser également que les droits d’auteurs sont protégés et appartiennent à Daniel Mainguy (© 2010) ».


« Cet ouvrage est publié sous forme de feuilleton, en ligne, en format .pdf ou html sur www.daniel-mainguy.fr».

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Ne pas reproduire sans autorisation : « frappe et on t’ouvrira ».

 









Le précédent, chapitre 7  

  La suite, chapitre 9  

 

 

 

 

Un capitaine et un ministre

 

 

Paris, 6 juin1995, 9h00

 

8. Peu avant neuf heures, au moment où les attentats, dont ils ignoraient encore l’existence, allaient bouleverser le cours de leur vie prochaine, Jacques Lemercier puis Rahya déclinèrent leur identité au policier de faction devant l'entrée principale du bâtiment qui abritait, Place Beauveau, le ministère de l'intérieur et faisait autant penser à un immeuble fonctionnel que l’Elysée, à deux pas, à un ancien lupanar. La tenue du policier de faction, en revanche, ne permettait pas la comparaison. L'uniforme de la Police française ne ressemblait pas à grand chose, même plus à une tenue de policier. Un grand couturier français avait été chargé, dix ans plus tôt, de redessiner l'ancien uniforme, pire encore. Il avait remplacé l’ancien ridicule petit képi noir décoré de l'insigne de la Police nationale par une casquette qui pouvait faire croire qu'elle ressemblait à celles de certains flics américains. L'uniforme lui-même, un pantalon et une veste noire de coupe classique, avait été remplacé par un pantalon et un blouson bleu nuit à la coupe originale mais qui ôtaient toute prestance pour quiconque était un peu trop petit, un peu trop voûté, un peu trop gros, avait les cheveux un peu trop court ou un peu trop long. Un énorme insigne de police singeant ceux de la police américaine irisait la poche gauche, tentant de valider le caractère uniforme et administratif de la tenue, mélange imparfait de rigueur subparamilitaire et d'élégance ratée. Rien à voir avec la tenue des policier américain, anglais ou, surtout, fashion touch, des splendides carabiniers italiens.

Rahya, tout en observant les allées et venues du personnel du ministère, cherchait des yeux l’ascenseur conduisant à l’étage du ministre, celui que personne n'empruntait et pour cause, il ne fonctionnait qu'avec la petite clé qu’un policier avait tournée dans la serrure d'appel après avoir à nouveau contrôlé l'identité des deux hommes. L’ascenseur glissa rapidement jusqu'à l’étage réservé aux services du ministre.

— J’aurais dû appeler Mathilde.

— Quoi ? Tu sais que tu es particulièrement chiant et rabat-joie en ce moment ?

— Oui, mais si elle apprend qu’on est sorti avec ces filles et qu’en plus tu t’en es donné à cœur joie avec cette petite et merveilleuse Sophie, elle va évidemment savoir que moi aussi...

— D’abord, comment veux-tu qu’elle l’apprenne. Elle ne te fait pas suivre ? Et puis toi aussi tu as goûté à la luxure universitaire !

— Oui. Mais j’aurais dû l’appeler.

— Par ailleurs je te rappelle qu’elle t’a quitté. Ce qui signifie que tu fais à peu près ce que tu veux. Et que ce n’est pas la première fois. Heureusement d’ailleurs, sinon je ne sais pas si j’aurais encore oser me promener nu dans l’appartement, sans même imaginer faire tomber le savon dans la douche.

La porte de l’ascenseur s’ouvrit sur un vaste couloir, fermant du même coup le clapet de Rahya. Les murs étaient recouverts de riches tapisseries, un peu chargées peut-être, et qui ne parvenaient à faire oublier l'ambiance de pouvoir, riche de secrets et lourde de décisions difficiles à prendre. Un bureau trônait en travers du couloir, face à l’ascenseur.

— Monsieur ?

— Monsieur ! Quel con ce flic, chuchota Rahya à Lemercier.

— Ta gueule, c'est pas le moment, répondit Lemercier, lui enfonçant un coude dans les côtes.

Troisième contrôle. Le policier, il devait s'agir d'un policier, mais tout aussi bien était-ce un huissier, s'était levé, tendant la main pour leur demander leurs papiers. Tiquant en voyant un militaire un peu plus bronzé qu'il l'imaginait.

— Capitaine Lemercier, lieutenant Rahya. DGSE.

— Suivez-moi, messieurs. Vous êtes attendus, répondit l’homme en soulignant son propos par un froncement de sourcil qui se voulait inquisiteur.

« Trop con ». L’homme, un policier c’est sûr, jugea définitivement Lemercier, se leva et les précéda.

Ils se rendaient certainement dans la salle de réunion du cabinet du ministre. Elle comprenait un projecteur de cinéma et, chose très importante si la réunion devait se prolonger ce que la convocation ne précisait pas bien sûr, un bar. Lemercier connaissait l'endroit pour l'avoir visité par deux fois déjà, aux temps de l'ancien ministre. C’était une chose étrange pour des hommes comme Lemercier de constater que les changements de ministre, de gouvernement, de  majorité, de régime, n’affectaient finalement en rien ce type d’institutions typiquement républicaines, so french comme disaient les anglais, ainsi que l’était le ministère de l’intérieur. Les dirigeants changeaient, pas les dirigés et encore moins les traditions, les pesanteurs, les habitudes, les usages administratifs. 

— Entrez, capitaine... euh, Lemercier, nous ne nous sommes encore jamais rencontrés je crois.

L'huissier-policier s'était déjà retiré. Le ministre de l'intérieur serrait la main de Lemercier avec une évidente bonhomie. Il était suivi de son chef de cabinet. Lemercier l’imaginait servile et veule, courbé derrière son maître, prêt à recueillir toute remarque, à exécuter n’importe quel ordre. Bêtement, il se l’imaginait comme une sorte de domestique zélé et diplômé. Tout au contraire, le directeur de cabinet était souriant, aimable, paraissait très sûr de lui, fin et intelligent, presque en situation d’égalité avec le ministre.

 

(...)

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