La justice
Bocaj, Zorro 2
I. Les principes
Pierre paul Prud'hon, la justice et la vengeance poursuivant le crime, 1815-1818
La Justice comme valeur poursuit inlassablement le Crime, c'est une figure constante associant deux termes ici et généralement associés : la Justice comme idéal, et la Justice comme institution, étant entendu que la Justice institution est souvent considérée comme devant rendre la Justice idéale, ce qui est une vue plilosophique naïve, naïveté qu'on retrouve dans le tableau de Prud'hon, mais point dans celui de Victor Hugo, où la Justice institution est présentée comme le contraire de la Justice idéale, un peu à la manière d'Antigone (Lord F. leighton, 1882).
Victor Hugo, Justicia
(on distingue la guillotine et la tête, projetée comme un boulet)
N. Poussin, le jugement de Salomon,1641
Plus complexe est la figure du jugement de Salomon, souvent et à tort présenté comme le symbole de l'équité parce que, curieusement certains retiennent que le soldat coupe en deux l'enfant. Or, le jugement de Salomon c'est tout l'inverse : "Elles se disputaient ainsi devant le roi qui prononça : " Apportez-moi une épée", ordonna le roi ; et on apporta l'épée devant le roi, qui dit : "Partagez l'enfant vivant en deux et donnez la moitié à l'une et la moitié à l'autre. Alors la femme dont le fils était vivant s'adressa au roi, car sa pitié s'était enflammée pour son fils, et elle dit : "S'il te plaît, Monseigneur ! Qu'on lui donne l'enfant vivant, qu'on ne le tue pas !" mais celle-là disait : "Il ne sera ni à moi ni à toi, partagez !" Alors le roi prit la parole et dit : "Donnez l'enfant vivant à la première, ne le tuez pas. C'est elle la mère." (le Livre des Rois chapitre 3).
Laurent de la Hyre, Le jugement de Salomon, 1641.
Gérome, le Procès de Phryné
Phryné est accusée d'impiété (prostitution). Le jour du procès public, le sort de Phryné semble scélé, mais Hipéride, se lance dans une grande plaidoirie en faveur de Phryné, dont il évoque les vertus et en dernier recours, loue la beauté de Phryné digne d'Aphrodite dévoile son corps nu. Phryné est portée en triomphe. Toutefois, après son acquittement, un décret fut voté, par lequel aucun défenseur ne saurait user de sensiblerie et qui, en outre, interdisait à tout personne accusée d’être regardée par ses juges.
J.-L. David, La mort de Socrate, 1787
Socrate, accusé pour impiété également, est lui condamné à la boire la cigüe (Platon est présenté comme tournant le dos à Socrate, alors qu'il n'assista pas à l'exécution).
II. Les méthodes
G.-C. Bingham, L'accusé démasqué, 1874 Magritte, L'assassin menacé, 1927
Gérard David, le Jugement de Cambyse, 1498, horrible tableau qui montre un chatiment épouvantable : l'homme est dépecé devant ses juges.
Odilon Redon, le forçat, 1881pour figurer les proscrits de la Commune de 1871.
A. Warhol, Big lectric Chair
Hughes Fourau, Tête décapitée
Victor Hugo, Ecce le pendu
III. les crimes
What shall we do for the rent (Qu'est ce que nous devons faire pour payer le loyer) W. Sickert 1907
(« meurtre de Camden Town », l'assassinat d'une prostituée. Il peint plusieurs versions d'une scène dans laquelle un homme costaud se tient assis dans une pose désespérée sur un lit, une femme nue est étendue à ses côtés)
Paul Cézanne, Le meurtre, 1868
Théodore Géricault, Les assassins portent le corps de Fualdes vers l'Aveyron, estampe, 1818. Antoine Bernardin Fualdès, député de l’Aveyron, ancien procureur général, franc-maçon et membre du Tribunal révolutionnaire, égorgé à Rodez dans la nuit du 18 au 19 mars 1817 par plusieurs complices au son d’un orgue de barbarie destiné à couvrir ses cris.Ce projet de tableau, jamais achevé fut l'un de premiers à entamé une figure des attentats politiques ou des crimes de sang.
Delaroix, Scène des massacres de Scio, 1824 illustre le romantisme montant de la Restauration : les gresc ici massacrés, braves sous le cimeterre, sont l'inverse du peuple nomophile célébré au siècle précédent.
C'est le cas de l'Attentat de Giuseppe Fieschi (Eugène Lami, l'attentat de Fieschi) contre Louis Philippe en 1835, Fieschi qui sera d'ailleurs décapité (R. Brascassat, Tête de Fieschi après son exécution)
C'est encore le cas du massacre de la rue Transonain (Daumier, Massacre de la rue Transonain, 1834) avecune lithographie de Daumier qui se vendit à des milliers d'exemplaires avant la saisie et la destruction des épreuves et de la pierre. Les premières années du règne de Louis-Philippe furent marquées par divers mouvements populaires dont la répression fit rapidement retourner à l’opposition les républicains d’abord favorables au régime. Après la Révolte des Canuts, en 1831, une loi renforçait le contrôle de la presse et des associations politiques. En avril 1834, une manifestation fut organisée à Lyon par la Société des Droits de l’Homme. L’émeute des ouvriers soyeux qui s’ensuivit (la Semaine sanglante) s’étendit dès le 13 avril à la capitale, où Thiers (déjà) la laissa se développer pour mieux l’écraser. Elle s’acheva à Paris le 14 avril, par le massacre des habitants d’une maison de la rue Transnonain.
Mais c'est surtout Guernica qui illustre, avec Picasso, pour l'exposition universelle de 1937 à Paris au pavillon de la République espagnole cette révolte.
A moins que, au final, le meutre ne soit que symbolique, comme dans Le meutre de Marcel Duchamp de Gilles Aillaud, Eduardo Arroyo et Antonio Recalcati, 1965, pour exorciser sa mort par les auteurs (adeptes de la Nouvelle Figuration, dite ensuite narrative) alors que les maître du PopArt et du Nouveau Réalisme portent son cercueil.