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Avertissement
320 8374183« Est-il besoin de préciser que ce roman est une œuvre de fiction même s’il se fond dans une trame historique dramatiquement réelle ? Toute ressemblance avec des personnages ayant véritablement existé ou des évènements qui se seraient vraiment déroulés serait donc purement fortuite, ou alors un coup de chance rare, hormis pour quelques salauds bien connus qui en ont été les acteurs maudits ».

« Inutile de préciser également que les droits d’auteurs sont protégés et appartiennent à Daniel Mainguy (© 2010) ».


« Cet ouvrage est publié sous forme de feuilleton, en ligne, sur www.daniel-mainguy.fr» ou en format "classique".

 

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Ne pas reproduire sans autorisation : « frappe et on t’ouvrira ».

 


Chapitre 14

Chapitre 16

 

 

Oslobodjenje

 

 

Sarajevo, 10 juin 1995

 

 15. De retour au mess, Lemercier et Rahya purent se remettre de leurs émotions rapidement éprouvées, tandis que Siautelle vantait avec vacarme leurs récents exploits, faisant défiler les bières, multipliant les adjectifs, allongeant le récit.

— C'est pas le tout les gars, mais il faut que je fasse mon rapport. Deux coups de feu, dix pages à taper ! C'est ça une armée moderne. Enfin, comme promis, je vais suggérer au général une petite médaille avec citation pour notre glorieux lieutenant Rahya.

— N'en faites pas trop, mon capitaine !

— Comment ça, pas trop ! Juste ce qu'il faut, l'exacte et concise précision des faits dans le langage simple et réglementaire qui sied à l'événement et qui fait la beauté de la littérature administrative. Tu verras, ce sera un modèle du genre. Et tu devrais obtenir la croix de guerre mon p’tit gars.

— Merci, dit Lemercier. Mais tu sais on n’est pas venu ici pour faire le coup de feu. On a un mission particulière et pour la remplir, il faudrait maintenant que je puisse rencontrer un responsable serbe ou bosniaque, peu importe, qui soit au courant des unités bosniaques qui se baladent près de Mostar. Tu peux me trouver ce genre de personne ?

— Pas vraiment. Demande aux services de renseignement du général de Rougemont qui commande les forces françaises ici à Sarajevo, ils devraient pouvoir te renseigner.

« Tu m'excuseras de ne pouvoir t'accompagner mais tu sais que quelque chose se prépare ici et mon unité est en train de se rassembler près de Sarajevo, au pied du Mont Igman. Certains disent que Delouvrier pourrait nous autoriser à ouvrir le feu dès lors que l’on est sur le point de se faire attaquer. Y’en a marre de se faire prendre en otage comme des moutons. D’autre disent qu’on pourrait se transformer en Force de Réaction Rapide. Paraît que le p’tit père Chirac cherche à préparer un plan avec John Major, le premier ministre anglais. Du blanc ONU, on pourrait reprendre nos couleurs de guerriers. Je ne sais pas ce que ça va donner mais au moins on pourra enfin se défendre et, qui sait, leur rendre quelques monnaies de leurs pièces pourries. Mais si tu veux vraiment mon avis c’est pas en un jour que tout ce merdier va changer. Il a fallu trois ans pour que enfin, en 1994, on se décide à des frappes aériennes. Les serbes ont trouvé la parade. Ils prennent des soldats de l’ONU en otage et ils les montrent à la télé. Et tous ces connards des chaînes occidentales passent les images en boucle. Bilan : on arrête les frappes aériennes et on négocie avec ces cons. Et on ramène nos morts par la route parce que ces putains d’enfants de salaud refusent d’autoriser le décollage d’un avion chargé de ramener en France les corps de deux français qu’ils ont assassinés. Nom de Dieu ! Je demande même pas un ordre, mais simplement un petit silence pour montrer à ces enfoirés ce qu’on peut faire avec quelques canons et des hommes bien commandés.

 

*

 

L'adjudant Fayard attendait Rahya et Lemercier devant le PC du général de Rougemont, commandant les forces françaises en Bosnie.

— Ah mon commandant! Et mon lieutenant ! Vous êtes là, sains et saufs. Tous les deux.

— Mais oui mon petit Fayard. Sains et saufs comme vous voyez, et grâce au lieutenant Rahya, un vrai héros !

— Ah mon Dieu, j'ai appris ce qu'il s'était passé. Ne sortez pas ainsi dans Sarajevo. Pas sans moi je veux dire. Vous savez, vingt ans dans les troupes de marine, ça vous fait un guerrier. J’ai fait le liban en 82, j’étais en Afrique dans les années 70, au Tchad en 84. J'ai l'expérience, enfin, je veux dire, vous êtes très jeunes tous les deux, n'est-ce pas, et à force il va vous arriver des bricoles !

Lemercier éclata de rire tandis que Rahya restait éberlué devant cette tendresse de mère poule chez ce personnage plantureux, épais quoique musclé, le tain buriné par les heures passées au soleil, ses petits yeux trop rapprochés surmontant un nez rond un peu trop rouge s'éloignant d'oreilles un peu trop écartées qu'une coupe rase rendait encore plus visibles.

— Ne vous inquiétez donc pas tant, mon petit Fayard, on en a vu quelques autres vous savez. Et puis, ça fait déjà quelques années qu'on a arrêté le biberon. On est passé à la soupe maintenant.

Fayard devint tout rouge, comme si sa tête allait exploser.

— Comment ? Je m'inquiète, je me fais du souci pour vous, je me déplace, je me dépêche, je transpire, je cours moi aussi le risque de me faire tuer par n'importe quel minable tireur serbe embusqué et voilà le résultat ! Deux gamins, car vous êtes des gamins, sauf vot’respect messieurs les officiers, si, si, des gamins, me prennent de haut, et me reprochent de m'inquiéter en plus.

Soudain, Fayard, changeant de voix, se mit au garde-à-vous.

— Oh, mais j'ai compris, j'en fais trop ! Je gène ! J'empêche les grands officiers que vous êtes d'avoir de belles médailles et de prendre des risques tout seul ! Mais pas de problème, je m'esquive, je disparais, je virevolte, je m'enterre, je tourne bride, et sec en plus ! Puisque que c'est ainsi, j'ai l'honneur, mon commandant, mon lieutenant, de vous demander de bien vouloir me permettre de me retir…

— Mais non, mais non, mon petit Fayard, ne vous fâchez pas ainsi, dit gentiment Lemercier en le prenant par les épaules et jetant un clin d'œil à Rahya. Ni Rahya ni moi ne vous reprochons de vous inquiéter pour nous, bien au contraire. Mais on a été un peu surpris. C'est ça, un peu surpris, hein Rahya. Surpris de tant d'attention alors que depuis le début vous ne pouvez vous empêcher de vous mêler de tout.

— Mais pas du tout, je ne me mêle de rien du tout. J'ai eu la faiblesse de vous trouver sympathiques, il est vrai, mais c'est tout, et je m'inquiète un peu.

— C'est très gentil à vous. Et pour vous montrez qu'on ne vous en veut pas du tout, bien au contraire, je vais vous confier une petite mission. Il s'agit, d'abord, de savoir s'il y a un moyen de boire quelque chose par ici et ensuite…

— Oh, pour ça, pas de problème mon commandant. Moi-même en vous attendant… Enfin, c'est au fond, là-bas, à gauche, il suffit de demander au sergent Duroche, c'est le fourrier, il a tout ce qu'il faut.

— Et ensuite, donc, de vous rendre auprès des services de renseignement du général, pour savoir qui on peut rencontrer parmi les officiers ou officiels serbes fréquentables pour obtenir quelques renseignements sur les troupes bosniaques se situant au sud de Mostar.

— Ouh, mais c'est une mission difficile ! Je serai obligé de vous rejoindre après, pour m'en remettre.

— C'est ça Fayard. A tout à l'heure, chez le fourrier. Si jamais, ce qui est possible, nous n’étions plus là, prenez quelque chose sur mon compte !

— Je n’oserais pas, mon commandant.

— Mais si, mais si, osez mon bon Fayard. Osez.



(...)

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