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Avertissement
320 8374183« Est-il besoin de préciser que ce roman est une œuvre de fiction même s’il se fond dans une trame historique dramatiquement réelle ? Toute ressemblance avec des personnages ayant véritablement existé ou des évènements qui se seraient vraiment déroulés serait donc purement fortuite, ou alors un coup de chance rare, hormis pour quelques salauds bien connus qui en ont été les acteurs maudits ».

« Inutile de préciser également que les droits d’auteurs sont protégés et appartiennent à Daniel Mainguy (© 2010) ».


 

« Cet ouvrage est publié sous forme de feuilleton, en ligne, sur www.daniel-mainguy.fr» ou en format "classique".

 

 

 

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Ne pas reproduire sans autorisation : « frappe et on t’ouvrira ».

 

 

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Chapitre 13

chapitre 15

 

 

 

   

 

Sniper Alley

 

Sarajevo, 10 juin 1995

 

Le petit véhicule blindé roulait sur Sniper Alley, circulant comme une coccinelle camouflée au milieu de carcasses de véhicules abandonnés aux pelages rouillés, cabossés et percés des trous des balles sinistres des tireurs embusqués qui s'étaient acharnés sur ces cibles faciles. Siautelle, Lemercier et Rahya s'étaient tassés à l'avant du petit véhicule blindé, reléguant le chauffeur dans le poste de mitrailleur. Il pointait son nez casqué au dehors par la petite tourelle masquée par un fusil mitrailleur auquel s'accrochait le soldat. L’asphalte défoncé faits de trous d'obus, de nids de poules et de tas de terre amoncelés les secouaient et les projetaient contre les parois d’acier de l’étroit véhicule. Ils dépassèrent l'Holliday Inn, puis les deux tours à moitié détruites de l'ONU, rappelant les paysages dévastés de la ligne de démarcation de Beyrouth.

Le paysage ressemblait à un décor de cinéma pour des habitués des villes propres et lumineuses occidentales. Tout ici n'était que débris, poussières, ruines, carcasses. Feu, terre, rouille. Pourriture, crasse, détritus, abandon. La Mort. L’image même du chaos, de l’a-civilisation au sens occidental et confortable de la notion riche de civilisation à laquelle tous les européens avaient fini par s’habituer.

Chose curieuse, dans ce paysage délabré, aucune couleur ne flattait l’œil comme ce pouvait être le cas à Paris ou dans une grande métropole occidentale. Seul le gris et toutes ses déclinaisons apparaissaient, la tristesse, l’ennui, la désolation, comme si les couleurs avaient décidé, comme l’espoir et la joie, de quitter ce pays. Même la Miljacka, la rivière qui traversait Sarajevo, ne parvenait pas à apporter une petite touche de gaieté ou d’évasion. Rahya s’était penché sur son cours, espérant y trouver la paix ordinaire d’un bord de rivière. Il n’y trouva que mélancolie et angoisse.

Ici et là, des passants passaient en courant ou en trottinant pour les plus chargés ou les plus insouciants. Ils étaient couverts plus que vêtus, tant il semblait que toute idée de mode ou de goût eût disparu de leurs tenues vestimentaires, assemblages de vêtements dépareillés, démodés et défraîchis. Des femmes portaient des paquets posés sur leur tête, traînant parfois des enfants qui peinaient à suivre leur mère. L'une d'elle tirait en criant un enfant qui voulait obstinément marcher au milieu de la rue désertée, inconscient du danger. Une autre tentait de courir pour se protéger malgré la charge qu'elle charriait, trébuchait, laissait tomber ses sacs, se relevait, récupérait ses pauvres bagages sous le regard neutre de ses voisins. D'autres ne se hasardaient dans ce no man's land que lorsque un véhicule de l'ONU passait au pas, pour se protéger des tireurs embusqués qui avaient fait ici des dizaines de victimes.

Soudain, un coup de feu. Claquant dans la rue, sec et froid. Surprenant Lemercier et Rahya, pas encore habitués à ces bruits familiers des habitants de Sarajevo depuis que, par ce matin du 5 avril 1992, la ville se retrouva encerclée par près de trois cent chars serbes et bien d’autres armes lourdes, canons, mortiers et autres sinistres jouets mortifères. Jusqu’à ce que la ville devienne complètement bloquée, avant que le grand feu d’artifice ne débute, visant tous les bâtiments, hôpitaux, écoles, églises, mosquées, synagogues, cimetière et le grand cache-cache avec les snipers serbes. Même le stade olympique qui avait fait la gloire de Sarajevo pendant les Jeux d’hiver de 1984 avait disparu, devenu un terrain vague puis un cimetière anarchique et gigantesque.

Un simple coup de feu. Faisant gerber des morceaux de macadam au pied d'une vieille qui portait un jerrican d'eau. Cris. Peur. Bousculade. Course éperdue en tous sens. Puis un second coup de feu. Et un troisième, cernant la vieille qui, parvenue au milieu de l'avenue, ne savait plus si elle devait continuer à avancer ou rebrousser chemin. Jusqu'à ce qu'un coup plus ajusté la décide, la touchant à la jambe tandis que le tireur, pas encore rassasié, se concentrait désormais vers un groupe qui parvenait difficilement à se cacher derrière un amoncellement de détritus. Un hurlement. La vieille rampait. Un homme lui tendait une main inutile de derrière un mur, sans se risquer. La vieille hurlait toujours. Se tenant la jambe. Son jerrycan renversé à côté d’elle.

Siautelle, habitué aux combats de rue, réagit immédiatement.

— Là-bas ! Je l’ai vu ! dit-il en pilant et en pointant le doigt vers un immeuble situé à quelques centaines de mètres de l’avenue.

« Le salaud. Celui-là, je vais me le farcir. Prenez les Famas qui sont derrière ! cria-t-il tout en donnant au chauffeur-mitrailleur l'ordre de ne pas encore tirer.

 

 

 

(...)



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