Le roman de guerre est un genre très particulier.
On y trouve des petites horreurs (pan, pan boum boum) et des merveilles.
Par exemple Mourir ou crever de James Jones, devenu à l'écran la ligne rouge (film qui m'a beaucoup déçu après avoir lu le livre) et depuis réédité sous ce
titre, est un roman exceptionnel.
Il raconte, sur le fond de la bataille de Guadalcanal, à
laquelle participa James Jones, l'histoire de ses potes de la compagnie "C comme Charlie". Il raconte surtout, crument, voire très, très crument, les sentiments, les jalousies, les peurs, la
mort, la médiocrité, la générosité, etc. de ces hommes, du soldat au colonel. Rien n'est épargné.
Dans un style différent, il y a le genre de l'histoire racontée, soit à la façon de Cornelius Ryan que tout le monde connaît par l'adapation ultra célèbre de
son livre, le jour le plus long mais aussi, plus moderne, l'incontournable Anthony Beevor.
Anthony Beevor est un ancien officier anglais, qui a servi notamment dans le 11è Hussards après être sorti de l'Académie royale militaire de Sandhurst (leur Saint-Cyr) devenu historien.
Il faut commencer par Stalingrad qui
raconte, d'une part, l'avancée épouvantable des armées allemandes à l'Est, à compter du 22 juin 1941, et notamment les massacres de Russes et de Juifs, prélude à les
bienveillantes de Jonathan Little (2006), également indispensable, la poussée ineluctable jusqu'à l'arrêt devant Moscou, la réaction de Staline, de Joukov, etc.
jusqu'à la défaite en février 1943. Le sens du détail de beevor est poussé de manière extrême de telle façon que l'on se sent parfois au coeur de la bataille.
Il faut continuer par Berlin, la chute qui est la
suite, cette fois l'avancée des russes, les grandes batailles de char, la résistance folle des allemands, le criminel arrêt sur la Vistule tandis que les SS éradique consciencieusement Varsovie,
alors que la résistance polonaise a soulevé la population, conduisant au massacre de 200 000 polonais (puis la déportation d'un grand nombre, y compris ceux servant dans l'armée russe, dans
les camps de concentration "libérés" par les russes) avec la complicité des alliés (Yalta est passé par là), le massacre, la déportation, le viol systématique des civils, femmes, enfants, la vie
des "épouses" d'officier, des allemandes qui s'offrent à des officiers pour éviter d'être violées par cinquante soldats, de telle manière qu'on a un peu de mal à resentir de l'amitié pour les
alliés russes du moment, quels que soient les crimes allemands.
Enfin, après un détour par la guerre d'espagne
quoique peut-être trop détaillée, le tout récent D-Day et la bataille de Normandie qui ne se contente pas, comme Cornelius Ryan de raconter le débarquement, mais toute
la bataille de Normandie, jusqu'à la libération de Paris, les hésitations de Montgommery, les bombardements aveugles américains, les souffrances de la population civile. Et toujours avec ce
style, mi-roman, mi écrit historique. Excellent.