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Avertissement
 

« Est-il besoin de préciser que ce roman est une œuvre de fiction même s’il se fond dans une trame historique dramatiquement réelle ? Toute ressemblance avec des personnages ayant véritablement existé ou des évènements qui se seraient vraiment déroulés serait donc purement fortuite, ou alors un coup de chance rare, hormis pour quelques salauds bien connus qui en ont été les acteurs maudits ». 
« Inutile de préciser également que les droits d’auteurs sont protégés et appartiennent à Daniel Mainguy (© 2010) ».

 

« Cet ouvrage est publié sous forme de feuilleton, en ligne, en format .pdf ou html sur www.daniel-mainguy.fr».

 

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Ne pas reproduire sans autorisation : « frappe et on t’ouvrira ».

 










Le précédent, Chapitre 5 
                                                               Le suivant, chapitre 7

 



Chapitre 6

 

 

 

 

Colloques singuliers

 

Paris, début mai 1995

 

6. Le mois précédent, Rahya et Lemercier s’étaient rendus à un colloque organisé par un organisme universitaire au nom compliqué, centre de recherche en histoire contemporaine d’Europe centrale et de l’Est de la fac des lettres de La Sorbonne et qui avait pour thème « Quelle Europe d’hier pour quelle Europe demain ? ». Le ministère de la défense avait souhaité que Lemercier se rende à ce colloque dans le but de préparer un rapport sur l'évolution politique et militaire des pays d'Europe centrale, en pleine effervescence après les événements de Slovénie, le siège de Vukovar de 1991 et les développement de la guerre civile en Bosnie depuis 1992 dont l’intensité n’avait pas décru jusqu’à ce début 1995.

L’état-major français, branché sur celui de l’OTAN, craignait maintenant un embrasement généralisé dans la région des Balkans. Les divers plans de paix successifs établis par le duo Vance-Owen cherchaient avant tout à éviter le dépassement du conflit hors des frontières de l’ex-Yougoslavie sans ignorer le choc majeur de civilisation, comme pour illustrer le livre que Samuel Huntington venait de publier, que posait la question musulmane au centre de l’Europe aux confins des mondes orthodoxes et occidentaux.

Lemercier renâclait à réaliser ce travail. Encore un rapport qui allait s’ajouter à la masse de ceux déjà rédigés par des centaines d’officiers de tout poil, de parlementaires, d’universitaires, de journalistes et qui s’entassaient quelque part, nul ne savait où.

Il avait prévu de se rendre à ce colloque avec de Rahya, toujours aussi avide de connaissances. Rahya s'interrogeait à présent sur l'empressement de Lemercier.

— Je ne comprends pas. D'habitude, tu hurles si on t'impose ce genre d’obligation. Et là on dirait que tu as hâte d'y être. Ne me dis pas que tu t'intéresses au sujet, ni que tu souhaites peaufiner ton rapport. Qu'est-ce que tu caches?

— Mais rien du tout, mon vieux. Super journée, non? répondit Lemercier en ajustant sa cravate et en insérant dans sa chaîne Hi-fi le Capricio espagnol de Rimski-Korsakov.

— Ecoute au lieu de râler. Tu te souviens, nous sommes allés l'écouter salle Pleyel l'an dernier. Pom, popopom, popom…

— Non mais tu te fous de moi ! Rimski-Korsakov, super journée ! C’est quoi ces conneries encore ?

— Tu n'as pas vu le dépliant du colloque?

— Non, qu'est-ce qu'il y a de particulier sur ce dépliant ? C’est le menu du déjeuner qui te rend si joyeux ?

— Rien que cela vaudrait le détour. Hum ! Un petit fois gras grillé, suivi d'un émincé de magret de canard, ça sent le Gers non ? Rien à dire. Ils savent vivre. Mais mieux encore, regarde Casanova ! Tous les intervenants ont droit à leur photo. Un rapport doit être présenté sur Les bouleversements de l'Europe centrale au XIXème siècle par mademoiselle Natacha Ricard et un autre rapport pour le XXème siècle est fait par mademoiselle Sophie Bouvier. Elles préparent une thèse sur ces sujets. Or, ce sont justement les chapitres que je dois finir pour mon rapport. Regarde leur photo, mon vieux ! Ha, ha, ha ! J'ai au moins mille questions à leur poser. A chacune !

— Attends, attends, moi aussi j'ai mille questions. Deux mille même !

— Et bien, on les posera ensemble!

Un taxi les déposa devant le centre de conférences. Les deux complices se félicitèrent d'avoir choisi de s’y rendre en civil. Quelques militaires en tenue attiraient le regard d’autant qu’ils arboraient plusieurs médailles ce qui était devenu assez rare. Des universitaires arrivaient également, s'empressant autour du directeur du colloque qui présidait aussi le laboratoire qui l’accueillait, le CEHEC, le Centre d'étude d'histoire européenne contemporaine, pour lui serrer la main ou lui présenter un jeune protégé. Certains paraissaient mal à l'aise dans un costume trop court, inélégant ou démodé, déjà condamnés à une vie de rat de bibliothèque. D'autres plus avenants, plus décontractés, s’annonçaient comme de futures stars des amphis. De petits attroupements se formaient. On parlait de collègues malades, de promotions, d'articles ou d'ouvrages récemment publiés, de ceux dont la carrière était à faire et de ceux dont elle était défaite. Certains, jaloux, brocardaient le succès de librairie de collègues qui avaient la chance, le talent ou le flair de publier sur des sujets à la mode. Il y avait les divas parisiennes qui se pavanaient au milieu d’une marée d’admirateurs, jeunes universitaires, jeunes doctorants qui pensaient peut-être pouvoir ramasser un peu de l’aura du Maître qu’ils suivaient ou qu’en respirant le même air, ils gagneraient en science. Il y avait les éminences plus discrètes, les jeunes loups, ceux qui avaient raté leur carrière, ceux qui avaient passé la leur à lire les autres, sans jamais rien écrire eux-mêmes et qui se plaignaient de ne pas être reconnus, les dandys séducteurs dont le seul objectif était de s’envoyer les doctorantes, les pervers que personne n’égalait dans l’art de lancer des piques mortifiantes. Il y avait aussi quelques fonctionnaires de diverses administrations, des journalistes, qui se faisaient plutôt discrets au milieu de cet aréopage savant, des érudits, des curieux… Bref, toutes les figures classiques de l’université française étaient réunies pour ce colloque.

 


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