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Avertissement
320 8374183« Est-il besoin de préciser que ce roman est une œuvre de fiction même s’il se fond dans une trame historique dramatiquement réelle ? Toute ressemblance avec des personnages ayant véritablement existé ou des évènements qui se seraient vraiment déroulés serait donc purement fortuite, ou alors un coup de chance rare, hormis pour quelques salauds bien connus qui en ont été les acteurs maudits ».

« Inutile de préciser également que les droits d’auteurs sont protégés et appartiennent à Daniel Mainguy (© 2010) ».


« Cet ouvrage est publié sous forme de feuilleton, en ligne, sur www.daniel-mainguy.fr» ou en format "classique".

 

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Ne pas reproduire sans autorisation : « frappe et on t’ouvrira ».
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chapitre 10

Chapitre 12 

 

Chapitre 11







Lieutenant Rahya

 

Paris, 6 juin 1995, 13h

 

11. Lemercier et Rahya retournaient enfin à leur bureau, rue Saint-Dominique, après avoir pris un rapide déjeuner dans un Mc Do sur le chemin. Rahya s'affala dans un fauteuil. Lemercier l'imita, posa ses pieds sans délicatesse sur le bureau encombré, écartant du talon quelques dossiers déjà bien maltraités.

Une photo de Mathilde semblait le fixer. Elle avait ce sourire magique qui l’avait conquis lorsqu’il l’avait rencontrée. Il la saisit pour la contempler quelques instants et la posa à côté d'un nécessaire de bureau de bonne qualité et d'une belle lampe Empire qu'elle lui avait offerts, seuls objets qui n’avaient pas subi l'outrage de la lassitude et de la routine sur le bureau.

Au mur figuraient d’autres photographies. L’une, martiale, de Lemercier en grande tenue de saint-cyrien, une autre, plus guerrière, en tenue désert juché sur une colline surplombant Beyrouth, souvenir d'un séjour au Liban, une troisième avec Rahya. Quelques trophées classiquement militaires faisaient face aux photos : un fusil Kalachnikov cloué sur une planche de bois vernis souligné par des ornementations arabesques rappelant son séjour à Beyrouth, un tapis ramené du Pakistan où il avait formé quelques combattants afghans du Commandant Massoud figurant des bombes, des mines et des fusils comme figures poétiques d’une génération en guerre depuis près de vingt ans, le fanion de la compagnie qu'il avait commandée et des régiments qu'il avait servis.

Le téléphone sonna.

— Lemercier.

— Bonjour Jacques, c’est Natacha. ça va ?

— Pas mal. Trop de boulot. Du lourd. Tu verras dans le journal de 13 heures.

— Ah. Je voulais savoir si tu pouvais déjeuner avec moi et distraire mon après-midi.

— Je croyais que tu m’avais dit que tu étais libre et que tu entendais faire valoir cette liberté ?

— Oui, c’est ce que j’ai dit. Mais, c’était pas mal l’autre soir non ? J’ai bien aimé. Et j’ai envie de me promener sur ton corps. Souvent femme varie, tu ne sais pas ?

— Ecoute, Natacha, là je ne peux pas, vraiment.

— OK. Tu m’appelles alors.

— Je t’appelle.

— Bises.

Il raccrocha sous le regard surpris de Rahya.

— Elle ne peut déjà plus se passer de toi ?

— Je ne sais pas. C’était très bien, elle est très sympa, on s’entend bien, sexuellement et tout le reste. Mais elle m’a fait tout un discours, au restaurant, sur sa liberté. On s’est revu plusieurs fois. Ca se passe très bien. Et là elle me relance pour qu’on se voit cet après-midi.

Le téléphone sonna à nouveau. Lemercier décrocha en pensant que c’était à nouveau Natacha.

— Je croyais que c’était moi qui devait appeler.

— Désolé, mon vieux, ce n’est que moi, Dunod. J’ai réussi à pénétrer dans l’ambassade.

— Il vaudrait mieux que l’on se voit pour en parler Dunod. Votre téléphone n’est pas sécurisé.

— Très bien, très bien. Je passe chez vous. Faites en sorte que je ne me retrouve pas dans une de vos salles de torture.

— Je vais essayer. Mais je ne vous promets rien.

Un quart d’heure plus tard, la lourde masse de Dunod fit irruption, transpirante et haletante, dans le bureau de Lemercier et Rahya.

— Alors, demanda Lemercier.

— Alors bingo. Je me suis pointé avec mon interprète causant le serbe et le bègue. Au début ils n’ont pas voulu me laisser entrer. J’ai gueulé un bon coup, je leur ai dit que j’étais de la police, de la DST, qu’une enquête officielle était engagée et que si ils préféraient que je passe par les voies diplomatiques, c’était leur choix et leur droit mais qu’il fallait pas qu’il nous demande quoi que ce soit ensuite. « On travaille pour savoir qui a flingué votre attaché militaire, la moindre des choses serait de coopérer » que je leur ait dit. Ils ont mis une bonne demi-heure à trouver le sous-secrétaire compétent et il m’ont laissé entrer. J’ai demandé s’ils avaient une salle de sécurité dans laquelle étaient stockées les cassettes vidéo de la caméra extérieure. Bravo, lieutenant Rahya, à nouveau. Ils n’y avaient pas songé non plus. Ils nous y ont conduit, accompagnés de deux ou trois gardes du corps armés pour le cas où on aurait oublié qu’on était quasiment en guerre avec eux. Bon je vous passe les détails. J’ai été discret, vous me connaissez.

— Et la bande ?

— J’y viens. Effectivement, on a tout sur la bande, l’heure du meurtre, la gueule du tueur, un peu dans l’ombre, mais on devrait pouvoir retravailler l’image à l’ordinateur pour diffuser une photo de bonne qualité. Mon interprète a essayé de lire sur ses lèvres. Pas facile. On a dû s’y reprendre à plusieurs fois. Mais bon, il a pu entendre, enfin lire, que le tueur a dit, en serbe, « Souviens-toi de Ljuta et de Jelasca »

— De quoi ?

— Ljuta et Jelasca.

— Qu’est-ce ça signifie ? Des noms de femmes ?

— Peut-être. Ou des noms de lieu. J’ai vérifié, c’est deux bleds complètement paumés, des petits villages de rien du tout, au beau milieu de la Bosnie. Près de Mostar et plus près encore d’une ville qui s’appelle Konjic, au cœur d’une vallée, la vallée de la Neretva.

— Le lien avec la Bosnie serait ainsi établi ce qui élimine du même coup la piste d’une guerre des services. Je ne sais pas si c’est une bonne nouvelle mais c’est une information.

Lemercier se leva et tourna dans le bureau, réfléchissant à voix haute.

« Souviens-toi de Ljuta et Jelasca». Si ce sont bien les hommes qui sont visés, ce pourrait être une vengeance, une opération politique, une logique d’élimination. Un plan d’ensemble peut-être, visant des criminels de guerre identifiés ? Il n’y a pas d’autre information sur des actes similaires. Un acte isolé les visant spécifiquement ? On a tout de même quatre morts dont deux politiquement très sensibles. Et je crois que l’on peut les rapprocher sans aucun doute. Il faudrait quand même vérifier que Ljuta et Jelasca ne sont pas des prénoms féminins et s’il n’y a pas plusieurs Ljuta ou Jelasca en Bosnie.

— Je m’en charge.

— Très bien. Vous avez informé Lavérune de vos découvertes?

— Non, pas encore. Je file le voir juste après notre réunion.

— Bravo Dunod. Sincèrement. Toutes mes félicitations. Je crois qu’on a réussi une vraie percée dans l’enquête et qu’on va pouvoir l’exploiter à fond. Vous avez mené cette opération comme un chef. En quoi, deux petites heures. Vraiment un travail de pro.

— Merci les gars, mais c’est mon métier, vous savez. Et puis cela me rappelle les grandes heures, les parties de cache-cache avec les soviétiques, les roumains, les bulgares. C’était le bon temps. Comme quand on avait expulsé une tripotée de « diplomates » russes en 1984. Vous êtes trop jeunes pour avoir connu cette période. Bon, on a mis les gars de la Crim et de la PJ sur le coup pour tenter de savoir si on peut avoir des infos sur les gars qui ont fait cela. M’étonnerait  fort qu’on trouve quelques chose vu que aucun de nos contacts ne nous a renseigné jusqu’à présent, mais on ne sait jamais. Un coup de chance parfois, une vielle dame, un concierge.

— Vous nous en donnerez une copie bien sûr ?

— De mon rapport ? Oui, tant que vous voudrez, même.

— Non, je ne parle pas du rapport. Je m’en fous pas mal de votre rapport. Je parle de la cassette.

— La cassette ?

— Oui, la cassette que vous avez visionnée à l’Ambassade.

— Ah mais je ne l’ai pas la cassette. Je leur ai demandé de me l’envoyer. Ils voulaient l’analyser.

La bonne humeur de Lemercier s’évanouit d’un seul coup, remplacée par une rage immédiate.

— L’analyser ? Non mais c’est pas vrai, c’est pas vrai. Il fallait l’emporter ou exiger une copie tout de suite ! Comment va-t-on prouver toute cette histoire si on a pas la cassette, la gueule du tueur, les portraits à diffuser pour les recherches, l’horaire exact du meurtre, enfin tout ce qui importe pour les juges antiterroristes ! Comment va-t-on expliquer cela au juge Henri ? Débrouillez-vous Dunod. Il nous faut absolument cette cassette. Je vous fiche mon billet qu’elle est déjà en route pour Belgrade ou pour Pale. Ils vont tenter de régler leurs comptes tout seul !

Dunod repartit, penaud et furieux vers la place Beauveau, en faisant un crochet par la rue de la Faisanderie pour tenter de récupérer, en vain il le savait, la cassette.

Lemercier tournait en rond à grandes enjambées dans le bureau.

— Non mais quel con ! On tenait la cassette et cet abruti oublie de la récupérer alors qu’il l’avait pratiquement dans les mains !

— Calme-toi. C’est trop tard maintenant de toute façon.

— Tu as raison. C’est sans doute trop tard. Qui va chercher les cafés ? demanda Lemercier.

— On le joue aux dés?

— Non. J'y vais.

Sirotant un café tiède et fade, Lemercier observait d’un œil soupçonneux le téléphone qui, tonnant, le rappelait à la réalité.

— Capitaine Lemercier.

— Bonjour capitaine, général Meyer à l'appareil.

— Mes devoirs mon général, répondit Lemercier en rectifiant instinctivement sa position, presque au garde-à-vous, comme si le général venait d’entrer dans la pièce.

— Alors Lemercier, cette réunion ce matin, instructive?

— Oui mon général, très intéressante. Je suis en train de préparer mon rapport.

— Laissez tomber le rapport. Faites chier avec ces conneries. Putain de bureaucratie. Je suis dans la maison. Montez, j'ai du nouveau. Ah, amenez votre protégé aussi. Vous savez, votre, comment dirais-je…adjoint, le lieutenant machinchouette.

— Bien, à tout de suite mon général, répondit Lemercier, réfléchissant un instant avant de reposer le combiné du téléphone.

— Encore un problème Jacques ? demanda Rahya, inquiet de ce soudain souci.

— Un petit problème en effet. Le général me demande dans son bureau, là-haut. Les suites de la réunion de tout à l’heure au ministère de l'intérieur.

— Et alors, aucun problème tu as été très bon.

— « On » a été bon, devrais-tu dire Rahya. Il a ajouté « Venez avec votre protégé ». Il sait que tu y étais, donc il sait que tu existes et il veut que tu viennes aussi. Un des types du ministère a dû vendre la mèche. On va se faire exploser la gueule.

 

 

(...)

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